
Nathalie Carrénard est un des seuls recruteurs que je connaisse au Québec qui s'affiche comme Chasseur de tête dans un environnement corporatif, de plus est dans le secteur bancaire. Travaillant pour la Banque Nationale depuis plus d'un an, j'ai eu la chance de rencontrer Nathalie au TruMontreal 2013, où elle s'est avérée être une participante active et passionnée. Fière défenderesse de son métier, je tenais à la rencontrer pour en discuter:
Nathalie, peux-tu nous parler de toi ?
J’ai fait des études de littérature que j’ai profondément appréciées. J’ai commencé par une hypokhagne, complété une maîtrise en passant par une thèse inachevée. J’ai arrêté au bout de la deuxième année car je me sentais trop isolée entourée de chercheurs dont le sujet de recherche touchait 4 personnes sur la planète ! Ensuite en toute logique j’ai enseigné quelques années en France et en Floride du collège au lycée. À mon retour de Floride j’ai dû prendre une décision : passer ou pas les concours de la fonction publique pour être enseignant de façon permanente? Réponse, non. C’était la littérature que j’aimais et la réalité c’est que je passais beaucoup plus de temps à enseigner la grammaire à des élèves attachants et plutôt dissipés…J’ai rencontré un conseiller en orientation tout en faisant des postes en administration ou en vente. Dès le début de nos rencontres, cette personne qui a été mon mentor m’a parlé des RH. J’ai donc repris des études à temps plein dans ce domaine et j’ai été embauché avant la fin de mon cursus dans un cabinet de chasseur de têtes.
Tu t’affiches haut et fort « chasseuse de tête » au sein de ton entreprise, ce qui est rare dans le corporatif. Est-ce ton choix ? Qu’est-ce qui l’a motivé ?
Je le revendique par choix et par conviction, mais aussi parce que c’est vraiment ce que je fais. Les différents articles traitant du recrutement montrent bien que le métier a évolué et continue d’évoluer. La grande tendance c’est que le recrutement et le sourcing (ou chasse de têtes) ne font qu’un pour certaines entreprises avant-gardistes et réactives. Pourquoi? Parce que dans un contexte de guerre des talents où les profils sont de plus en plus complexes et spécialisés, on ne peut plus faire de « post & pray ». Au lieu d’attendre un miracle je préfère être celle qui va chercher ce dont elle a besoin. Cela me permet de ne pas me contenter de ce que je reçois mais d’avoir le choix. Ce qui me motive tous les jours c’est ma grande curiosité. J’adore découvrir de nouveaux métiers quitte à me torturer l’esprit! J’aime faire des recherches sur wikipedia ou des sites spécialisés, récolter des informations comme un enquêteur et me dire au bout de quelques heures : JE COMPRENDS. Ensuite j’adore discuter avec les gens, leur poser des questions sur leur parcours, leurs ambitions. De plus lorsqu’on aime la chasse on aime le frisson du moment où la personne que l’on guette depuis plusieurs jours parfois plusieurs semaines vous répond…Et celui où vous savez que c’est le bon candidat pour votre client. C’est un sentiment de victoire, comme d’avoir trouvé un trésor! Bon j’ai oublié le moment où l’on vend le rôle et la compagnie en décrivant les défis. On se sent comme un agent qui va lier le bon joueur à la bonne équipe! Celui où la personne vous dit « Nathalie c’est exactement le genre de défi que je recherche » Là on a juste envie de hurler de joie !
Penses-tu que le fait de s’afficher tel quel change la perception de tes collègues et candidats ?
Je crois que oui. Le métier est encore entouré de mystère, et les gens sont en général flattés d’être choisis. Le chasseur de têtes est celui qui s’il croit en vous, va peut être vous proposer un rôle qui marquera un tournant dans votre carrière. Je pense qu’il en est de même pour les collègues : le mystère et l’admiration parce que on va s’adresser à des candidats passifs qui peut être ne seront pas du tout intéressés et ça c’est le côté le plus difficile du recrutement.
Tu es une experte. Par curiosité, fais-tu encore appel à des chasseurs externes ?
Non, en général lorsqu’ils me contactent je ris en leur disant que ma raison d’être c’est de les empêcher d’exister! En général un chasseur de têtes est aussi quelqu’un d’assez compétitif alors je déteste refuser un mandat si je suis trop occupée. J’aimerais pouvoir tout prendre car je le vois comme la possibilité de décupler mes chances de closer!
Quelle est ta perception du recrutement aujourd’hui ? Quelle évolution à ton avis ?
Ce métier est devenu encore plus passionnant en quelques années.
L’évolution la plus flagrante c’est la contamination du recrutement par le marketing.
On parle désormais de plus en plus de marque employeur, d’attraction et de rétention des talents. Évolution #1 Le candidat et l’employé sont des clients. Le client existant on veut le garder (loyauté) ou potentiel on veut le ramener donc on utilise tous les canaux (print, web, medias sociaux..)
Puisque la logique de séduction du marketing envahit le recrutement, certains outils viennent aussi nous chatouiller. J’ai nommé l’évolution #2 l’analyse de donnée ou data Analytics. Qui est susceptible de partir? Où dois je aller chasser/recruter? Quels arguments de vente pour quelle tranche d’âge? Ce métier n’a jamais été aussi polyvalent et sexy!
Enfin pour chercher ces candidats il faut maîtriser la recherche boléeenne, la recherche dans google, facebook, twitter etc.. la recherche tout court. Bref le recruteur à notre époque est quelqu’un de foncièrement curieux, très à l’aise avec la technologie, il sait vendre sa compagnie, une carrière et entretenir de bonnes relations en amont avec ses futures cibles. Enfin pour être efficace il utilise des éléments chiffrés afin de mesurer sa performance et être toujours le plus rapide et le plus connecté.
Tu t’intéresses au big data. Est-ce que tu penses que cela va changer ta façon de travailler demain ?
Je vais encore faire le parallèle avec le marketing mais oui je pense que la réalité small data et quality data impacte déjà mon travail. Je crois que les métiers du big data vont aussi envahir l’équipe de recrutement classique, avec des data scientist par exemple qui analyseront nos hypothèses afin de nous aiguiller dans une direction ou l’autre.
Quel est le meilleur outil aujourd’hui dans tes recherches ?
Linkedin, sans aucun doute !
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Nathalie viendra nous partager sa passion et fera partie de l'équipe des animateurs du prochain Trumontreal à l'automne 2014 (programmation en cours, bien hâte de vous en parler)
Pour suivre Nathalie sur Twitter: @NatCarrenard
Commentaires
Très bon article!Nous…
Très bon article!
Nous sommes très peu connu sur le marché mais notre apport à la compagnie peut être très bénéfique par nos connaissances sur le marché et par le changement que nous pouvons apporter dans les équipes (agent de changement).
Aussi, il aurait été intéressant d’aborder le processus qui a amené la BNC a engagé Nathalie, comment les mandats sont acheminés à elle et la perception qu’on les recruteurs envers elle.
Certaines compagnies voient encore le poste de recherchiste comme un poste d’entrée avec un gros taux de roulement mais non comme un poste stratégique où ceux qui le font par passion auront une plus grosse portée dans leur acte et une meilleure vision sur les prochains profils à approcher .
Merci Sandrine et Nathalie!
Simon
Merci Simon !Ton premier…
Merci Simon !
Ton premier point pourrait être l’objet d’un autre article :)
Quant au deuxième, j’aborde souvent le sujet et sans vouloir jouer à Calimero, en effet le poste est trop souvent sous évalué…