Rencontrer un passionné des avantages sociaux, c'est rare ! Je sais que le mot "passionné" est galvaudé , mais vous devriez voir ses yeux quand il en parle. Je vous présente ce mois-ci Jimmy Côté.
J'ai rencontré Jimmy grâce à Caroline Boyce, qui nous a réunis dans un un panel façon "late show" au dernier Sommet de la marque Employeur. La conversation s'est prolongée bien après notre intervention.
Les avantages sociaux, ça va au delà d'une liste de bénéfices. Bien analysés et étudiés, ils peuvent révéler le portrait de l'entreprise, créer une valeur ajoutée, et surtout montrer à quel point on prend soin, pour vrai, de ses employé.es.
- Jimmy, peux-tu te présenter ?
Je suis originaire de Chicoutimi et après m'être cherché pas mal (j'ai fait 3 diplômes d'études professionnels dont un en électricité de construction, l'autre en réparation d'électroménagers et finalement une troisième en production horticole), j'ai finalement trouvé une voie dans les ressources humaines. J'ai travaillé en RH et j'ai été directeur jusqu'à ce que je tombe en amour avec les avantages sociaux en 2007. Je suis associé dans un cabinet spécialisé en avantages sociaux pour les PME/OBNL depuis maintenant près de 17 ans.
Les avantages sociaux, c'est devenu une passion pour moi et c'est pour ça qu'après l'obtention du permis obligatoire, je me suis lancé dans une formation universitaire complémentaire non-obligatoire pour obtenir le titre de Conseiller Agréé en Avantages Sociaux (CAAS). Pour moi, c'était un ''must'' parce que je voulais être à la fine pointe pour pouvoir conseiller mes clients comme j'aimerais être conseiller moi-même. J'aime penser que je suis l'allier et la carte cachée de mes collègues en RH parce que je suis issue de ce domaine, mais j'ai aussi toutes les connaissances et la formation des experts en assurance collective.
- Les avantages sociaux, c'est plus qu'une liste d'avantages à énumérer sur une offre. Quelle est ta vision ?
Pour moi les avantages sociaux, c'est tellement plus qu'un service de plus qu'on donne à nos employé.es. C'est d'abord et avant tout un formidable mécanisme de sécurité financière pour les employé.es et leur famille. De fait, c'est encore aujourd'hui, le seul outil qui permet d'assurer des personnes, sans aucune question sur leur santé et ce, à coût très concurrentiel en comparaison des assurances individuelles. Tu sais, encore aujourd'hui, près de 70% des employé.es comptent exclusivement sur leur assurance collective en cas d'évènement grave ou de maladie.
Ensuite, c'est bien entendu un service qui permet aux employé.es de budgétiser leurs dépenses en santé et par le fait même, démocratise l'accès aux soins de santé physiques et mentaux. Donc, ça égalise les chances d'avoir accès à des soins de qualité pour toutes les strates de la société. Parce qu'on va se le dire. Oui nous avons un système de santé gratuit financé par des impôts. Mais il y a plusieurs services essentiels pour lesquels il faut payer.
C'est également un outil pour favoriser une meilleure équité, une meilleure diversité et l'inclusion par le biais de soins et de services pour des personnes marginalisées (par exemple, une famille avec des problèmes de fertilité qui aurait besoin de soins ou de médications spécialisées non couvertes par la RAMQ pour procréer). C'est aussi une façon de promouvoir sa marque employeur en endossant ses valeurs (par l'offre d'avantages sociaux supportant la santé mentale des employé.es par exemple). On peut même aller jusqu'à dire que, c'est une manière d'exprimer ses opinions en sélectionnant un fournisseur qui est socialement responsable (parce qu'il n'a pas d'établissement dans les paradis fiscaux par exemple).
Donc, comme tu peux voir, pour moi, les avantages sociaux c'est un fantastique levier d'impact sur notre société et beaucoup plus qu'une transaction financière entre une organisation et un assureur !
- Contrairement à ce que je croyais, on est loin d'une approche juste transactionnelle quand on travaille avec toi. Quelle est ta démarche ?
Tu as bien raison et en fait, un client qui voudrait seulement une transaction, je le réfèrerais à un autre conseiller parce que je suis inconfortable dans ce genre de relation.
Les équipes RH avec qui je collaborent cherchent à aller plus loin avec leurs avantages sociaux. Ils/elles ont déjà connu les approches plus traditionnelles et sont rendus à vouloir se faire challenger pour que leur offre devienne maintenant un puissant levier d'attraction et de mobilisation. Pour arriver à ce résultat, il faut changer la méthode et passer à travers une réflexion.
Mon approche consiste essentiellement en trois grandes phases.
- La première est une phase de cueillette d'informations et d'analyse dans laquelle je recueille les données chez mon client en ce qui a trait à l'offre actuelle et ses objectifs d'affaires quant à leurs avantages sociaux. Je vais procéder à un ''benchmark'' de l'offre de mon client avec des données de ses compétiteurs talents. Je vais par la suite sonder ses employé.es pour comprendre leurs enjeux de santé et de mieux-être.
- Ensuite, on passe à la phase du (re)design du régime afin de répondre aux enjeux que nous avons identifiés dans la phase précédente. Souvent, c'est à ce moment qu'on va introduire une forme ou une autre de flexibilité afin de maximiser notre capacité de répondre à des besoins et des enjeux variés.
- Finalement, la troisième phase de mon processus est celle de la communication de cette nouvelle offre d'avantages sociaux. Comme je le répète, la valeur réelle de vos avantages sociaux est égale à leur valeur perçue par les employé.es. Donc, si vous ne bâtissez pas des outils de communication et que vous ne mettez pas en place des sessions d'informations, vous ne retirerez jamais le plein potentiel des efforts que vous avez déployés pour avoir une proposition au marché et qui répond désormais beaucoup mieux aux besoins et aux attentes de vos employé.es.
- Quand tu lis dans une offre d'emploi "avantages sociaux concurrentiels", qu'est-ce qui te vient à l'esprit ? Et comment penses-tu que les entreprises devraient présenter leurs avantages dans une annonce ?
Honnêtement, ça me fait sourire et en même temps, je suis désolé pour les RH qui mettent du temps à écrire des offres qui auront beaucoup moins d'impact que celle souhaitée. Quand on dit dans une offre d'emploi : ''avantages sociaux concurrentiels'', ça veut dire quoi au juste ? Concurrentiels par rapport à qui ? Par rapport à quoi ? Concurrentiel pour moi peut ne pas l'être pour toi. Par exemple, si j'ai 48 ans et que mon principal objectif c'est d'avoir un employeur qui m'aide à planifier ma retraite, je vais chercher un emploi dans laquelle l'organisation offre une cotisation intéressante dans le régime d'épargne collective. Si j'en ai 30 et que je prévois avoir un enfant bientôt, ce que je cherche c'est peut-être plus une organisation dans laquelle l'employeur offre des soins de santé et du temps à la famille.
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Mais tu vois, on en revient au sondage de tout à l'heure. Si tu connais tes employé.es, leurs besoins et leurs enjeux, tu vas pourvoir mettre de l'avant les bons avantages dans ton offre d'emploi en fonction des persona qui sont un ''fit'' avec ton organisation.
- Quelles sont les tendances en avantages sociaux ? Que vois-tu venir à court-moyen terme ?
Actuellement, c'est vraiment l'amélioration de la flexibilité dans l'offre d'avantages sociaux et de la rémunération globale qui est en forte demande. Lors d'un sondage fait en collaboration avec la Fédération des chambres de commerce du Québec et La Talenterie en 2023, 31% des répondants nous ont dit qu'ils cherchaient à introduire à court terme une forme ou une autre de flexibilité dans leur offre de rémunération globale. Pour ma part, quand on vient vers moi, c'est la plupart du temps parce que l'offre actuelle est trop traditionnelle et on veut aller vers quelque chose de plus flexible.
L'autre tendances qui se dessine clairement est celle d'introduire des mécanismes pour favoriser l'équité, la diversité et l'inclusion. On voit maintenant des assureurs qui sont en train de mettre sur pied des garanties complémentaires pour la santé des femmes et je pense que c'est quelque chose qui va prendre de l'ampleur rapidement dans les prochaines années.
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