Le vent tourne en acquisition de talent. Nadine O’Regan, dans son article The Evolution of TA, le dit sans détour : c’est maintenant ou jamais. Le rôle du recruteur est en pleine métamorphose, et il est temps de faire de la place à une nouvelle approche.
La fin d’une ère (et c’est tant mieux)
Pendant longtemps, l’acquisition de talents s’est concentrée sur l’opérationnel : publier des offres, trier des CV, faire passer des entrevues, gérer des délais (et souvent des urgences), le tout dans un monde qui allait encore à peu près droit. Mais les choses ont changé. Et vite.
On parle aujourd’hui d’un paysage RH bouleversé par :
• l’intelligence artificielle,
• une économie imprévisible,
• la quête de sens des candidat·e·s,
• et une demande accrue pour des environnements inclusifs, agiles et porteurs de développement.
Résultat ? Le bon vieux modèle de recrutement transactionnel ne suffit plus. Les recruteurs doivent devenir des stratèges, des partenaires, des influenceurs internes. Bref, on ne recrute plus comme avant, et c’est tant mieux.
Du recrutement au conseil stratégique
Nadine O’Regan propose une vision claire de cette évolution : sortir de la posture « exécutante » pour embrasser celle de conseil stratégique. Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Cela veut dire que l'acquisition de talent doit devenir un moteur de réflexion à fort impact sur les enjeux de main-d’œuvre, et non plus un simple canal de recrutement.
Ça implique :
• de conseiller les gestionnaires sur la planification des effectifs,
• d’analyser les tendances du marché,
• d’optimiser la mobilité interne,
• de repenser la manière dont on définit et développe les compétences.
C’est un rôle qui touche à tout : RH, communication, marketing, culture, innovation. Et ce n’est plus un « nice to have », c’est une urgence organisationnelle.
Ce qui bloque (encore)
Mais si tout le monde s’accorde sur la nécessité d’évoluer, la mise en œuvre reste difficile. Voici les principaux freins identifiés par l'autrice :
1. Des KPIs mal alignés : on valorise encore trop les volumes d’embauche et les délais, au détriment de la qualité, de l’impact ou de l’alignement stratégique.
2. Un manque d’investissements : en données, en outils, en formation… l'acquisition de talent reste souvent sous-équipée pour jouer ce nouveau rôle.
3. Une perception désuète du métier par les leaders d’affaires : tant qu’on verra les recruteurs comme des « preneurs de commande », leur pouvoir d’influence restera limité.
4. Des équipes mal préparées : ce virage exige de nouvelles compétences – data, technologie, agilité, communication, marketing – qui ne sont pas toujours là aujourd’hui.
Une nouvelle boussole : l’alignement et la valeur
Le cœur de la transformation, c’est une question d’alignement : aligner les actions de l'acquisition de talent sur les priorités de l’organisation, sur les enjeux humains, sur la croissance à long terme.
Nadine O’Regan parle d’un tournant majeur :
• Moins de temps passé à chercher des CV.
• Plus de temps consacré à lire les signaux faibles du marché.
• Moins de contrôle de case dans un ATS.
• Plus de discussions en amont avec les décideurs.
• Moins de recrutement réactif.
• Plus de scénarios proactifs de développement de talents.
On passe des opérations au design. Et franchement, c’est une bonne nouvelle !
Et maintenant, on fait quoi ?
Si vous êtes dans l’univers du recrutement, voici quelques pistes pour entamer (ou poursuivre) votre transformation :
1. (Re)posez votre mission : pourquoi votre équipe en recrutement existe-t-elle ? Quelle est sa valeur pour l’organisation, au-delà du nombre de postes pourvus ?
2. Développez vos compétences stratégiques : data, marketing RH, conseil, stratégie, influence… le recrutement moderne est un métier hybride.
3. Revisitez vos outils et vos KPIs : si vos tableaux de bord ne mesurent que la vitesse, c’est peut-être le moment de parler de direction.
4. Cultivez votre posture de partenaire : allez à la rencontre des leaders, posez des questions ouvertes, apportez vision approfondie et intelligence de marché, pas juste des candidates et des candidats.
À nous de jouer !
Le monde ne manque pas de défis. Mais comme le souligne Nadine O’Regan, c’est précisément ce contexte incertain qui rend le rôle de l'acquisition de talent plus crucial que jamais. Ce n’est plus juste une fonction RH : c’est un levier d’impact humain et économique.
Alors, recruteurs et recruteuses : prêts à réinventer votre métier ? Car l’avenir de la TA, ce n’est pas demain. C’est maintenant.
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