La Chambre de commerce du Montréal métropolitain vient d’organiser son premier forum stratégique "Les solutions aux défis de main-d'œuvre". Le programme était dense, englobant le développement des compétences et la culture d'entreprise, enrichi par de nombreuses données démographiques et d'une analyse du contexte générationnel.
Emna Braham, Directrice générale de l’Institut du Québec et Mia Homsy Vice-présidente, Main-d’œuvre et intelligence économique chez Investissement Québec ont présenté une perspective franche : la pénurie de main-d'œuvre est là pour rester jusqu'à au moins 2030, même si certains secteurs reprennent leur souffle avec le ralentissement économique actuel. Certaines entreprises ont renoncé à des postes qu'elles ne parvenaient pas à pourvoir, et l'arrivée significative d'immigrants temporaires a allégé des pressions, principalement dans les secteurs manufacturier et de la restauration. Cette évolution ne doit cependant pas occulter les enjeux démographiques durables. Les tensions sur les salaires perdureront, indépendamment d'une éventuelle régulation de l'inflation. La concurrence continuera d'impacter les rémunérations.
Soyons honnêtes, il n’existe aucune solution miracle, mais nous pouvons agir sur plusieurs fronts :
- accroître la productivité grâce au virage numérique,
- améliorer la gestion des ressources humaines, la gestion du changement, la formation
- anticiper les mouvements internes, les départs à la retraite, le recrutement international
- regarder ce qui se fait ailleurs. Les autres métropoles en Amérique du Nord ont avancé plus vite au niveau du capital humain : la formation sur des compétences plus pointues, les niveaux de diplômes…
La bonne nouvelle, Montréal demeure 1er au niveau de la qualité de vie. À nous de capitaliser sur ces beaux atouts d’attraction.
Révélé dans les derniers chiffres, les milléniaux sont maintenant plus nombreux au pays que les baby-boomers, génération la plus importante depuis 65 ans. Et ce n’est pas uniquement parce qu’ils meurent plus, mais plutôt parce que l’immigration est principalement constituée de jeunes adultes.
Jean-Marc Léger, Président de la firme de sondage et de recherche Marketing Léger, et Jacques Nantel, Professeur émérite au HEC Montréal, nous ont donc brossé un portrait de la relève. Évitant les stéréotypes des générations (je serais sortie le cas échéant ;), ils nous ont expliqué en toute clairvoyance les résultats de sondages avec l’évolution des chiffres en les identifiant sous formes de 3 stratégies gagnantes : le fun, le fric, la foi
- Le fun :
La notion de plaisir est primordiale aujourd’hui. On a besoin de sens au travail., et on ne vit plus pour travailler.
On retrouve dans les sondages une certaine crainte de perdre son emploi. Ce qu’on observait plus ces 3 dernières années.
D’après les derniers chiffres, 21% des jeunes ont connu une dépression, 48% une dépression mineure, et 78% ont vécu des périodes d’anxiété. Le tournant semble être arrivé autour de 2010, année où on a vu les chiffres de dépression augmenté. C’est donc arrivé en même temps que la percée les médias sociaux. Depuis, la courbe des réseaux sociaux est proportionnelle au niveau d’anxiété (+134% depuis 2010). Ils sont moins satisfaits d’eux même parce que la vie du voisin parait extraordinaire. On compare son intérieur à l’extérieur de notre entourage.
Dans ce contexte, le travail devient un repaire, et la notion de plaisir y est clé. - le fric
Historiquement au Québec, nous avions un rapport à l’argent ambigu. Faire de l’argent était un péché. Aujourd’hui, le rapport négatif est très atténué, et l’ouverture à en parler est beaucoup plus grande.
Pour 75% des gens, c’est important de faire de l’argent
Dans un contexte où nous semblons vivre la période la plus difficile qu’on a passé depuis les 50 dernières années : l’accès à la propriété, l’inflation… l’argent prend une part importante. - la foi
La génération se veut inclusive et se qualifie de « Génération We »
Les valeurs, l’environnement, l’inclusion, la diversité sont des préoccupations primordiales aujourd’hui dans leur discours. C’est aussi une génération très entrepreneuriales.
Au-delà de cette histoire de génération, c’est le contexte actuel qui influence les comportement. Au fond, comme souligné par M. Léger, ce n’est pas une question d’âge, mais d’attitude. Tout va vite, alors courons !
De façon très concrète, Florian Pradon a clôturé la journée avec de multiples exemples pour relevez les défis du recrutement et rétention de talents en s'attardant sur la flexibilité pour:
-la semaine du 4 jours avec l’importance du temps et de la confiance que l’on donne
-le télétravail, le mode hybride
-la diversité: que ce soit les disparités sociales, les différentes carrières et parcours, les générations, les minorités visibles
-l’équité salariale
-le recrutement : évaluer sur des critères tangibles et objectifs, mettre en place des échantillons de travail pour valider des compétences essentielles.
Selon Florian, ces 4 clés sont primordiales :
-la flexibilité et adaptabilité
-prendre en considération la santé de nos employé.es (physique et psychologique)
-encourager la mixité pour innover
-adapter nos façons de faire au contexte, aux personnes...
Ma conclusion ? Loin de moi l’idée de remettre en cause ce genre d’événement. Mais bien qu’il y ait eu des propos intéressants et très pertinents, je dirais… rien de nouveau sous le soleil.
Des rappels, des messages de « passer à l’acte »…
On entend que l’on est dans une période charnière depuis des années - (je pense que je l’ai toujours entendu, que ce soit avec l’informatisation dans les années 90, le changement de siècle, le web, le big data, les réseaux sociaux… maintenant l’IA).
Plus ça change plus c’est pareil.
On ne cesse de dire de remettre « l’humain » au centre de nos pratiques, et pourtant on n’a jamais vu autant de dépressions, d’anxiété, de stress.
Alors peut-être que oui, en effet, il faudrait que l’on agisse. Mais qu’on le fasse tout de suite, là, maintenant.
Si cet événement a réussi à convaincre UNE personne d’agir, alors oui c’est encore pertinent.
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